D-ICE Engineering : la course au large, un laboratoire de premier plan
Le large et la haute mer sont des univers familiers pour la vingtaine d’ingénieurs et de scientifiques de l’entreprise D-ICE Engineering (Nantes/Paris) qui développe des outils de modélisation de simulation multiphysique d’opérations maritimes, ainsi que des systèmes de contrôle embarqués pour les industries offshore et les énergies renouvelables. Autour de ce cœur de métier, cette jeune société qui connaît une croissance organique importante franchit aujourd’hui une étape majeure à travers le système OCEANICS qui équipera le cargo hybride à ailes rigides Canopée pour en optimiser les performances tout au long de ses liaisons transatlantiques.
Questions/réponses avec Sylvain Faguet, directeur commercial, et Maxime Dupuy, responsable du routage météorologique qui a récemment collaboré avec l’équipe de Yannick Bestaven, vainqueur du Vendée Globe.
Le système OCEANICS, de quoi s’agit-il ?
S.F. : « C’est l’aboutissement de nos travaux en matière d’Ingénierie de systèmes complexes automatisés dans un cadre hydrodynamique que nous avons rassemblés dans ce système de navigation nouvelle génération dans un objectif d’optimisation et de sécurisation, et de réduction significative de la consommation des navires. Ce système, qui fonctionne comme une plateforme, comprend de nombreuses fonctionnalités, telles que la visualisation de cartes électroniques, un pilote automatique, le routage météorologique spécifique aux navire hybrides, ainsi qu’un module avancé d’analyse des performances. C’est une belle satisfaction de voir que ce système OCEANICS, qui recourt à l’hydrodynamique, aux mathématiques appliquées, à la robotique et à l’intelligence artificielle, intègre aujourd’hui Canopée, le premier cargo à voile moderne dont la construction vient d’être lancée en ce début d’année 2021. Et d’apporter ainsi notre pierre à l’édifice face à l’enjeu de la décarbonation du transport maritime. C’est un jalon important dans le déploiement industriel de nos solutions. »
M.D. : « C’est clairement un laboratoire de premier plan et grandeur nature, en particulier pour le développement de notre logiciel de routage Satori. Cela fait quelques années déjà que l'on développe des algorithmes de routage statistique, notamment pour les projets de navires hybrides à voile, comme Neoline ou Canopée. On accompagne le design du cargo au niveau de la validation de son programme et de business model avec des informations sur le temps de trajet, les puissances moteur utilisées, la consommation... L'idée est de lancer plein de départs de routages déterministes à des dates différentes en utilisant les données du programme européen Copernicus, qui offre une base de données météorologiques historiques en « open source ». Et ensuite, on en tire des routages statistiques. Pour chaque routage, on enregistre des données du navire comme la consommation, la vitesse, la puissance moteur, les conditions environnementales rencontrées… »
En quoi a consisté votre collaboration avec l’équipe Maître CoQ du Vendée Globe ?
M.D. : « Cette collaboration s’est inscrite dans la même démarche que celle établie avec le team Banque Populaire que nous avons accompagné dans la phase de design du maxi-trimaran actuellement en construction. Nous avons fourni à l’équipe de Yannick Bestaven des données statistiques, des probabilités sur le type de scénarii qui pouvaient se présenter sur les différentes tranches du parcours. Nous sommes intervenus dans la phase de préparation de son tour du monde, dans des prises de décisions stratégiques quant au matériel embarqué, notamment au niveau des voiles limitées à huit sur cette 9è édition, mais aussi dans le domaine de la nutrition. Dans une démarche de R&D, nous lui avons également fourni un logiciel prototype très simple qui a permis à Yannick Bestaven, féru de météo, d’embarquer ces routages statistiques et d’afficher, au regard de sa position, les routes empruntées par le passé. Ce logiciel avait pour vocation de lui offrir une approche différente, de rester critique pour ne pas suivre la route proposée par son logiciel de routage les yeux fermés, notamment sur la descente et la remontée de l’Atlantique avec des phénomènes météo qui se répètent entre l’Amérique et l’Afrique du Sud. On sait que Yannick l’a beaucoup fait tourner et qu’il a apprécié pouvoir compter dessus. »