Cap sur le futur pour le port de La Turballe-Le Croisic
En pleine mutation, les ports La Turballe et Le Croisic sont tous les deux propriétés du Département de Loire-Atlantique et exploités par un gestionnaire unique la SEM LAPP 44. Autour de la pêche et la plaisance, ses deux activités phares, cet espace portuaire ligérien mise sur ses nombreux atouts pour jouer la carte de la polyvalence. L'installation d'une base arrière de maintenance d'éoliennes en mer ou l'expérimentation de projets innovants, à l'image du drone de capitainerie Monthabor, illustrent sa faculté à évoluer et s'adapter pour répondre aux enjeux de la décarbonation et de la digitalisation. Trois questions à Laurent Nicolle, directeur de la SEM Loire-Atlantique Pêche et Plaisance.
Comment se positionne aujourd'hui le port de La Turballe-Le Croisic ?
« Port de pêche historique de 1ère importance de la façade atlantique notamment pour les espèces pélagiques qui y sont débarquées, le port de La Turballe est dans le top 10 des criées françaises en tonnage comme en valeur. Sa flottille diversifiée (pélagiques, ligneurs, caseyeurs...) offre une belle diversité et une grande qualité de produits autour de marées très courtes. Au-delà de la pêche et de la plaisance, le port assure du transport à passagers de La Turballe à destination des îles à proximité, Houat, Hoedic notamment.
Autour de ces activités, le port se transforme aujourd'hui pour accueillir l'implantation d'une base de maintenance EDF du futur parc éolien en mer de Saint-Nazaire, à travers la construction d'un bâtiment de 1200m2. C'est là l'une des spécificités du port de La Turballe qui a su développer pour offrir une large palette d'activités et de services sur un périmètre relativement restreint. Au-delà de cette diversification, un important programme de travaux d'extension et de modernisation a été lancé par le Syndicat Mixte des Ports de Loire-Atlantique, en décembre dernier. Ce chantier consiste en l'extension de la digue existante pour sécuriser l'accès au port et les bassins. Cette augmentation de la surface portuaire de l’ordre de 10 000 m2 doit aussi permettre d'optimiser la gestion des espaces par activité et services associés.
Elle s'accompagne d'un investissement par le gestionnaire dans deux élévateurs à bateaux de 450 et 40 tonnes. Ils vont permettre de renforcer et dynamiser l'aire de réparation navale avec comme conséquence souhaitée, le développement du tissu d'entreprises intervenant sur le port. Notre stratégie consiste à initier un cercle vertueux à travers la mise à disposition auprès des usagers et des entreprises d’équipements adaptés aux surfaces disponibles demain. »
Quelle place occupe l'innovation dans la stratégie de développement du port ?
« Nous sommes très ouverts aux idées nouvelles et à l'expérimentation. L'innovation est partout. Le port, à travers son service technique éco-responsable, a d'ailleurs inventé un système de lest en béton pour les élévateurs, encastrable dans le terre-plein. Ce dispositif, qui à ma connaissance n'existe pas ailleurs, permet de tester de manière régulière ces engins sans avoir à faire venir des services extérieurs tous les six mois pour assurer les contrôles incontournables et obligatoires dont ils doivent faire l'objet. Ce système, mis en place par les équipes portuaires, nous permet de limiter notre impact environnemental, la perte de temps d'exploitation et d'espace disponible. L'innovation, portée ici par des personnes d'expérience et de terrain qui ont su trouver un solution intelligente, s'inscrit dans une logique d'évolution permanente. Pour ce qui concerne la pêche, l'enjeu pour le port consiste à s'adapter pour être capable d'accueillir les bateaux de pêche du futur et de leur fournir les énergies adaptées à leurs modes de propulsion : de l'électricité, de l'hydrogène, etc. A ce titre, La Turballe est port pilote pour l'expérimentation de nouvelles technologies. Dans le même sens, le port du Croisic joue le même rôle pour les innovations dédiées au monde de la plaisance qui doivent rester sur les fondamentaux en favorisant et facilitant la navigation et en enrichissant la relation client à la travers la digitalisation et l'animation de la communauté portuaire. Il s'agit de permettre à tous les usagers potentiels de trouver des réponses à leurs attentes et leurs besoins. »
Qu'en est-il aujourd'hui de l'Appel à Manifestation d'Intérêt - « Inventons le Port du Futur à la Turballe » - lancé il y a un an par Le Pôle Mer Bretagne Atlantique et le Syndicat mixte des Ports de Loire-Atlantique ?
« Fin août 2020, quatre projets retenus dans le cadre de cet AMI ont bénéficié du soutien du département pour leur déploiement ainsi que du soutien du Pôle Mer Bretagne Atlantique pour les accompagner dans la concrétisation du projet et la recherche de financements. Parmi eux, le projet Monthabor, qui consiste en un drone de surface à même d'accompagner les services de capitainerie du port. Ce projet est rentré en phase d'expérimentation depuis avril dernier sur le port de plaisance de la Turballe. Ce drone « pilote portuaire » se différencie par ses fonctions d'assistance aux capitaineries des ports de plaisance. Il associe des technologies d’électroniques embarquées déjà éprouvées avec de nouveaux développements comme le rechargement et le rinçage automatique dans une station flottante. De nombreuses autres fonctions viendront s’ajouter comme la gestion automatisée des places, le contrôle des fonds pour la surveillance de la montée des sédiments, la mesure de la qualité de l’eau et le ramassage des déchets flottants.
Pour le port, cette phase de test en grandeur nature apporte le retour d’expérience des agents de capitainerie pour permettre à son concepteur d'améliorer ses services, développer l’automatisation du pointage des places et d’observer la tenue du produit dans la durée avant sa commercialisation. En servant de site pilote, le port apporte sa contribution à la mise en œuvre d'une innovation prometteuse. »