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Labellisé en 2017 par la Pôle Mer Bretagne Atlantique, le SPYRHA ALV (Autonomous Laboratory Vessel) est passé de l'état de projet à une solution commercialisée. Drôle d’engin inspiré du prao traditionnel polynésien, le Sphyrna ALV étonne. Ce drone de surface d’une vingtaine de mètres de long ne passe pas inaperçu avec ses lignes élancées évoquant une pirogue à balancier qui lui donnent un air de vaisseau futuriste. Sans équivalent dans le monde, le plus grand navire opéré pour collecter des données océaniques in situ sert de laboratoire autonome pour des missions scientifiques de plusieurs mois en mer. Développé par Sea Proven, ce « satellite des mers » est en passe de réaliser des démonstrations de sa capacité à répondre à des besoins de surveillance.

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Trois questions à Antoine Thébaud, directeur général, et Fabien de Varenne, le concepteur de cette technologie au fort potentiel de dualité…


En quoi consistent les solutions de robotique proposées par les drones de surface Sea Proven ?

A.T. : « Nous opérons deux prototypes (16,5 m et 21 m) d’un type d’engin assez original dans sa catégorie destiné à collecter des données en mer, notamment dans le cadre de missions scientifiques, d’étude acoustique des cétacés par exemple. Il s’agit d’un navire sans équipage. Capable de prendre en compte des paramètres de son environnement, comme le trafic maritime, le Sphyrna est doté d’une autonomie décisionnelle qui lui donne la faculté de se dérouter si nécessaire, et donc de naviguer en toute sécurité. C’est un pur produit d’intelligence artificielle. Mais ce qui le caractérise vraiment, c’est l’autonomie énergétique dont il dispose. Complètement électrique, ce navire utilise les énergies renouvelables, le solaire et l’éolien. Le bateau fonctionne à 5 noeuds avec une propulsion de 500 watts, soit l’équivalent de celle produite par un sèche-cheveux. Notre valeur ajoutée repose sur sa capacité à supporter la charge utile d’une instrumentation embarquée importante. »

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Quels sont vos clients actuels et quelles sont vos perspectives de développement ?

A.T. : « Au-delà des missions scientifiques, qui nous ont permis de valider notre technologie, nous travaillons beaucoup avec le domaine spatial auquel nous vendons nos données collectées sur l’eau, jusqu’à 80-90 milles au large. À ce titre l’appellation de « satellites des mers » convient bien aux drones Sphyrna qui ont la possibilité de partir une dizaine de mois au large, chargés de capteurs pour collecter des informations à plusieurs paramètres (salinité, température, bathymétrie…) Nos clients sont des structures qui analysent de grandes quantités de données : Airbus, CLS, l’Ifremer… Nous leur vendons des mégas données océaniques, dont certaines sont complémentaires, plus qualitatives sur certains aspects que celles dont ils disposent déjà, parce que collectées in situ. Nous opérons deux engins fonctionnels, dont la robustesse et la fiabilité ont été largement validées. Nous avons pour objectif de déployer une flotte de cinq unités en 2022, et à plus long terme de nous doter d’une constellation d’une centaine de ce type de « satellites des mers », pour répondre aux besoins de clients très divers. » 

 

Que représentent pour vous les marchés de la Défense aujourd’hui et cette notion de dualité ?

F.d.V. & A.T. : « Quand nous avons lancé Sea Proven, nous nous sommes d’abord tournés vers le monde scientifique avec l’idée de contribuer à une meilleure connaissance des océans. Mais plus on parle du projet, plus on en comprend aussi l’intérêt en matière de surveillance. On se rapproche actuellement des territoires ultramarins. On projette d’installer des bases secondaires pour opérer des bateaux sur zone, ce qui nous placerait en bonne position pour aller chercher de nouveaux marchés internationaux. Dans cette logique, on se positionne vis-à-vis des marchés de la Défense. On a entamé les démarches pour s’inscrire dans le dispositif RAPID et on se rapproche du cluster Orion. Notre technologie nous permet de faire en même temps des bilans de biomasses, d’évaluer des ressources et de lutter contre la pêche illégale. Vis-à-vis de la défense, on se situe sur les actions de l’Etat en mer dans l’idée de soulager la Marine Nationale dans ses missions pour faire respecter la souveraineté de la ZEE. Cela prend du temps, tout l’enjeu consiste à prouver, aux acteurs opérationnels, l’intérêt de notre solution qui repose notamment sur un dessin de carène limitant la traînée dans l’eau et la consommation d’énergie. La dualité que l’on devrait atteindre cette année demande du temps, mais elle nous apporte une vision plus stratégique et de belles perspectives d’ouverture. C’est gagnant-gagnant. »

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