◀ Retour newsletter

 

Roland Jourdain, skipper au palmarès conséquent, compte aujourd’hui, avec son entreprise Kaïros, parmi les pionniers des matériaux bio-sourcés. Des premiers prototypes de navires qui font la marque de fabrique de son bureau d’études concarnois, jusqu’à l’industrialisation d’un nouveau matériau imaginé pour offrir une vraie alternative au plastique et autres fibres composites, cet agitateur de solutions environnementales mêlant high et low tech croit en la vitalité du monde maritime pour inspirer des pratiques durables, autour d’une réflexion globale qui prenne en compte les usages. 

Plus de dix ans après le lancement de Kaïros Environnement, où en êtes-vous dans le développement des matériaux bio-sourcés ?

« On poursuit le chemin que l’on explore et expérimente depuis 2009-2010 pour essayer de comprendre et d’intégrer des matériaux moins impactants dans nos vies. On s’est entêté ; et heureusement, en Bretagne, on a la chance de pouvoir compter sur la collaboration de pionniers qui ont défriché ce domaine avec de la recherche fondamentale, comme Christophe Baley de l’UBS (Université Bretagne Sud), ou encore Peter Davies de l’Ifremer, qui nous ont aidés à avancer et qui nous ont confortés dans l’idée de lancer le bureau d’étude Kaïros Environnement. En 2013, nous avons mis à l’eau un petit trimaran, le Gwalaz, le premier bateau 100% fibres de lin.  Il navigue toujours. Il y a deux ans, on a également participé à l’éco-conception d’un autre bateau tout en lin, un Mojito 888 avec le chantier IDB Marine. Nous avons aussi travaillé sur les structures du bateau à passagers électrique de Concarneau avec de la fibre de lin, de la résine polyester partiellement bio-sourcée autour d’une âme en liège. »   ill 3473669 1500 rgl1807 copie

 

 

Sur quel projet « nautisme » travaillez-vous actuellement ?

« On est engagé sur le projet Flower, un programme européen aux côtés de l’IRDL (institut de recherche Dupuy de Lôme), de l’UBS, d’universités anglaises et de quelques industriels. Il s’agit de développer deux nouvelles gammes de tissus de lin, dont une sera plus adaptée au nautisme. On va donc construire un petit dériveur à foils, un monocoque très simple qui répond au joli nom de BirdyFish, développé par un jeune ingénieur, Pierre Rhimbault, avec l’ambition de rendre l’accès aux sensations de vol en navigation à la portée de tous.

Je reste aussi très investi dans la course au large, même s’il n’est pas question de construire demain matin des bateaux de compétition en bio-composites. Mais si on peut difficilement écarter le carbone pour les parties structurelles, rien n’empêche de composer avec des solutions plus soutenables pour les périphériques. C’est en tout cas l’idée qui anime le projet ‘Bio Bat’ que Kaïros développe avec le chantier de catamarans Outremer, dont l’intérieur modulable en fonction des utilisations, sera réalisé en panneaux bio-sourcés. »

 

Aujourd’hui, il apparaît que plusieurs projets vous emmènent au-delà du maritime ?

« Nos développements nous conduisent effectivement à collaborer sur des projets très éloignés du monde du nautisme. On a ainsi fait de la R&D pour la réalisation de micro-billes pour des cosmétiques avec le groupe Clarins, ce qui est très loin de la course au large, même si c’est aussi compliqué ! On a travaillé sur un projet de façade de cinéma parisien avec Multiplast. On lance aussi aujourd’hui, la commercialisation d’un panneau structurel, 100% biosourcé, recyclable et compostable, le Kairlin. Il est thermoformable et pliable. Les applications sont vraiment terrestres pour des usages temporaires (des créations d’objets, des supports de présentation…) C’est une belle satisfaction d’y être arrivé et d’avoir dépassé toutes les embûches qui jalonnent les chemins de l’industrialisation de ce produit aux applications multiples. »